Exposition « Julije Knifer – Épigraphies françaises »

Journal banal – photographies de Žarko Vijatović – peintures murales

Du 6 juillet au 29 août, Institut français, Preradovićeva 5

Vernissage : mardi 6 juillet à 19h

L’exposition Julije Knifer – Épigraphies françaises explore pour la première fois les liens profonds que l’artiste a tissés avec la France.

C’est en 1957 que Knifer se rend pour la première fois à Paris, et dès lors il n’aura de cesse d’y retourner. Dans les années 60, il fréquente les musées et les galeries en se nourrissant de la diversité de la scène française, du foisonnement intellectuel dans le milieu artistique d’après-guerre et des premières apparitions de l’art abstrait américain. A Zagreb, avec ses amis du groupe Gorgona, il fréquente régulièrement la bibliothèque de l’Institut français, et à travers les livres et périodiques il reste informé des nouvelles évolutions des courants artistiques.

En outre, la vie de Knifer est jalonnée de rencontres françaises qui ont fortement influencé son parcours, dont une longue et profonde amitié avec François Morellet, scellée autour de leurs pratiques artistiques et filiations théoriques. Ils se sont rencontrés en 1960 lors de l’exposition Nouvelles tendances à Zagreb, et fortement imprégnés de l’idée avant-gardiste que l’art avait la capacité de changer la société. Ils sont toujours restés des amis proches.

Dès 1961, Knifer est sélectionné par la Galerie Denise René pour participer à l’exposition l’Art Abstrait Constructif, et c’est à Paris qu’il figure pour la première fois parmi les grands noms de l’art abstrait.

À la fin des années 80 il réalise un méandre mural pour la bibliothèque de droit et lettres de l’Université de Bourgogne à Dijon, puis en 1991 il est invité en résidence à la villa Saint-Clair à Sète. De 1992 à 1994, il séjourne à la Villa Arson à Nice, et finalement en 1994 il s’installe dans son atelier du 12èmearrondissement de Paris où il vit et travaille les dix dernières années de sa vie.

L’exposition Julije Knifer – Épigraphies françaises ne vise pas à se pencher sur les créations artistiques de Knifer, mais sur sa création artistique. Ce ne sont pas les œuvres de l’un des plus grands artistes croates de la seconde moitié du XXe siècle qui nous intéressent ici, mais la mise en lumière d’un matériel épigraphique trop longtemps négligé, qui permet de décrypter le processus artistique de l’artiste à travers ses écrits, photographies et réalisations dans l’espace public. Car l’acte créatif découle d’une démarche personnelle aussi bien dans le huis clos de son atelier que dans l’espace public. L’occasion nous est donc donnée de saisir comment l’artiste fait corps avec le monde qui l’entoure, de quelle manière il est relié à son passé et à son avenir à travers un présent concret qui peut être intime ou public.

L’écriture et la graphie de Knifer dans son Journal banal était son exercice d’introspection quotidien, mais ce n’est pas seulement une description de l’ordinaire, de ses tourments et doutes ou de son processus créatif. Cette pratique nous dévoile aussi la part la plus sensible de son for intérieur.

Si l’artiste a développé tout au long de sa vie une œuvre minimale et radicale élaborée à partir du même motif, celui du méandre, il a toujours apprécié la réalisation des œuvres murales monumentales sur éléments architecturaux dans l’espace public. Celles qu’il a réalisées en France, dont le long méandre du hall de la bibliothèque à Dijon et la fresque sinueuse et compacte de la station de métro Jean-Jaurès à Toulouse, sont d’une forte présence physique mais proposent aussi au spectateur un moment contemplatif.

Les photographies de Žarko Vijatović mettant en scène Julije Knifer, exposées pour la première fois en si grand nombre, témoignent d’une étroite collaboration entre les deux artistes au fil d’innombrables rencontres. Lors de ces prises de vue, l’artiste se prête au jeu d’un performeur qui joue son propre rôle aussi bien dans son espace intime que public.

Force est de constater que Juije Knifer et la France, c’est une histoire d’amour à répétition. Il aimait tant Paris, que dans ses dernières années, lorsque son état de santé ne lui permettait plus de flâner, il faisait appel à un chauffeur de taxi et avec son épouse Nada ils déambulaient en voiture à travers la ville.

Danka Šošić

L’exposition est conçue et réalisée en collaboration avec Ana Knifer, la fille de l’artiste.